19 mai 2011
La Chine s'ouvre au Street-Art grâce à Popil
Il paraît que le chat a 7 vies. Zhuo Yin, elle, a 3 prénoms.
A 17 ans, la jeune femme originaire de Guanghzou (Canton) a décidé d'abandonner son patronyme pour adopter celui de Mao Mao. Rien à voir avec une quelconque fascination pour le grand timonier, Mao signifiant chat en chinois.
Car Mao Mao voue au greffier un véritable culte. Elle les peint, les croque, les dessine. Mais cette fois sous le pseudonyme de Popil.
Quand on lui pose la question sur le choix de ce nom d’artiste, la jeune femme fait le dos rond. Popil n'a selon elle aucune signification particulière. Les mauvaises langues diront pourtant qu'il ressemble fort à l'anagramme involontaire du mot people, fruit d'une langue étrangère pas encore maîtrisée.
Popil fait partie de cette nouvelle génération d'artistes chinois dont l'univers graphique bouscule les codes et la vision traditionnels de l'art en Chine.
A 18 ans, Popil débarque a l’École des Beaux Arts de Canton avec sous le crayon un univers graphique pop et coloré déjà très affirmé. Mais cette créativité dérange profondément ses professeurs. Dans un pays qui privilégie depuis la révolution culturelle l’art de la copie à la création, un élève est censé reproduire les toiles du maître. Pas les créer. Popil sort ses griffes, quitte l'école au bout de 4 mois et comprend très vite qu'il sera difficile pour elle, fille de la classe moyenne cantonaise, d'exposer et vivre de son art.
Car en Chine, l'art s’expose en vase clos. La sélection des artistes se fait essentiellement via le réseau personnel ou selon le pedigree de l’artiste. Ainsi lors d’une compétition pour une célèbre marque de montres, Popil perd en finale contre le fils d’un artiste très connu.
Le patronyme du concurrent lui aura été fatal. Alors pour se montrer et se faire connaître, le nerf de la guerre, c’est la carte de visite.
Dégainée à chaque soirée, vernissage ou nouvelle rencontre, c’est le sésame pour avoir la chance de rencontrer un jour la bonne personne.
En attendant, Popil fait des rencontres, se construit cet indispensable réseau et multiplie les projets d'illustrations pour des marques (Evisu, Lotto, Nivea, Elle, Nescafé, Ogilvy, MTV, Swatch) ou les versions chinoises des magazines Esquire et Elle.
Elle vit aujourd'hui a Shanghai avec ses cinq chats et son petit ami français à quelques encablures de l' ancienne concession française.
Mixant les différentes techniques de dessins, armée de ses innombrables marqueurs de couleurs, elle a su donner un vrai style à l’illustration chinoise.
Depuis trois ans elle étoffe son univers artistique et ne dessine plus uniquement que des chats. Elle met désormais en scène dans ses illustrations un nouveau personnage féminin à l’œil coquin, dont la coupe se ferait pâmer Angela Davis. La Chine et la culture chinoise la fascinent.
Elle réalise ainsi en 2010 une série d’illustrations qui redonne vie aux anciens quartiers populaires de Canton.

Popil jouit d’une bonne notoriété auprès de la jeunesse chinoise qui suit son actualité via Twitter. Les regards sur l'art sont en train de changer avec la nouvelle génération.
Après Old Chinese Stuff, son premier livre, elle a publié en avril dernier son deuxième ouvrage regroupant ses nouvelles illustrations et vient de signer sa première exposition a la librairie municipale de Canton.
Ce mois-ci, elle fait son entrée dans le classement des 40 artistes chinois les plus prometteurs, réalisé par l' incontournable magazine de design chinois perspective.
2011 devrait marquer un tournant. En toute logique, c'est l'année du chat.
Et de Popil.
http://quailcat.blogbus.com/
http://www.flickr.com/photos/popilcat/
Lien raccourci de cet article: http://bit.ly/jiQl2r
Skeuds le blog de culture urbaine
10:32 Publié dans Graff - Street Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : popil, street-art | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.